Du côté de la librairie... Septembre 2018

À tra­vers le per­son­nage de Jmiaa, pros­ti­tuée de Ca­sa­blanca, qui n’a pas sa langue dans sa poche pour dé­crire les per­sonnes qui l’en­tourent ainsi que son pays. Me­ryem Alaoui nous offre une pein­ture haute en cou­leur de la vie quo­ti­dienne dans un Ma­roc po­pu­laire où cha­cun fait face aux dif­fi­cul­tés à force de vi­ta­lité et de dé­brouillar­dise.

Pas fa­cile de trou­ver sa place dans une fa­mille de sur­doués quand on a 11 ans et que l’on est déses­pé­ré­ment « nor­mal ». Ca­mille Bor­das brosse avec hu­mour et sen­si­bi­lité l’his­toire d’un jeune gar­çon qui s’af­fran­chit de son en­fance sous le re­gard d’adultes en­core plus déso­rien­tés que lui. Une fresque fa­mi­liale tendre et émou­vante, un por­trait d’ado­les­cent plein de fi­nesse, une au­teure à dé­cou­vrir ab­so­lu­ment.

Jé­rôme Fer­rari mêle avec vir­tuo­sité des ré­flexions sur la mort, la fa­mille, l’iden­tité, à tra­vers la vie d’une jeune pho­to­graphe en quête de sens. On res­sort un peu sonné, mais sé­duit par ce ro­man fort.

Ca­role Fives nous re­vient avec tou­jours au­tant de sen­si­bi­lité et de jus­tesse dans son re­gard sur le quo­ti­dien. Ici une jeune femme seule avec son en­fant. Elle est épui­sée et a be­soin d’air. Comme la chèvre de Mon­sieur Se­guin, elle va es­sayer, du mieux qu’elle peut, de te­nir jus­qu’à l’aube.

Un au­teur de lit­té­ra­ture jeu­nesse mon­dia­le­ment re­connu et ad­miré dé­cède dans sa mai­son du Connec­ti­cut. À la lec­ture de son tes­ta­ment, Tommy son as­sis­tante et amie la plus proche, dé­couvre qu’elle est l’unique exé­cu­teur tes­ta­men­taire de l’écri­vain. Elle se re­trouve confron­tée au passé de son ami, dont elle ne sa­vait fi­na­le­ment pas tout. Ju­lia Glass ex­plore les dif­fi­cul­tés à gué­rir des bles­sures de l’en­fance à tra­vers une fresque de per­son­nages ayant connu l’au­teur. Une belle réus­site.

Jeune femme sans di­rec­tion, Paula, an­nonce un jour à son en­tou­rage qu’elle va com­men­cer une for­ma­tion de peintre en dé­cor. On la suit rue Mé­tal à Bruxelles, dans sa dé­cou­verte des es­sences de bois, de marbre, dans l’édu­ca­tion de son œil et de sa main, dans son ap­pren­tis­sage du tra­vail mais aussi de l’ami­tié. Puis, plus tard, des chan­tiers de ci­néma aux ap­par­te­ments pri­vés, aux quatre coins du monde. Le ro­man d’une plon­gée fas­ci­nante dans un monde bien par­ti­cu­lier, un coup de maître.

À Londres, une femme re­trouve un homme qu’elle a connu il y a plus de 20 ans. Elle ne peut s’em­pê­cher de lui faire le ré­cit de ce que fut leur re­la­tion pour elle, entre Rome, Am­ster­dam et la Nor­man­die, sa car­rière d’édi­trice et son suc­cès d’ar­tiste. Une mise à nu des ap­pa­rences, des men­songes et des sen­ti­ments, por­tée par une écri­ture puis­sante. Un ro­man pas­sion­nant et d’une grande force.

Claire, jeune femme franco-co­réenne, passe l’été avec ses grands-pa­rents à To­kyo. Ils tentent d’or­ga­ni­ser un voyage dans leur pays na­tal, la Co­rée, qu’ils n’ont pas revu de­puis des di­zaines d’an­nées. La pré­pa­ra­tion traîne, s’éter­nise, comme si le couple cher­chait à l’évi­ter. Un court ro­man em­preint de sen­si­bi­lité et de dé­li­ca­tesse qui par­vient à dé­crire les dif­fi­cul­tés de l’exil et de la pa­role au sein d’une fa­mille ainsi que les liens com­plexes qui en lient les membres. Un pe­tit bi­jou de sim­pli­cité.

Après la mu­sique et l’écri­ture, Jean-Phi­lippe Blon­del nous plonge ici dans l’uni­vers de la danse. Au­tour de cette pas­sion, trois ado­les­cents vont se croi­ser, se dé­cou­vrir et s’ai­mer. Un texte vif, un ton juste, on en re­de­mande ! Dès 14 ans.

Dif­fi­cile de trou­ver du temps pour soi quand on est l’ai­née d’une fa­mille de quatre en­fants. Le voyage en Ita­lie avec la classe de la­tin est l’oc­ca­sion rê­vée pour prendre un peu de dis­tance avec sa fa­mille et sur­tout se rap­pro­cher du bel Ana­tole. Un texte qui sent bon le thé par­tagé entre sœurs et les bis­cuits qui sortent du four. Dès 12 ans.

Un pe­tit bi­jou d’hu­mour et de fan­tai­sie qui traite de su­jets tout sauf lé­gers, tels que la mi­gra­tion, l’en­traide, la re­li­gion et l’ami­tié. Un ré­gal, dès 8 ans.