Une histoire et une architecture
Depuis sa transformation entre janvier 2006 et décembre 2007, le Channel s’affirme comme un lieu de vie artistique avec librairie, café et restaurant. L’année est composée de rendez-vous éclectiques et réguliers qui convient tous les champs du spectacle vivant contemporain : arts du cirque et de la marionnette, théâtre, danse, concerts… Cette programmation est traversée de propositions littéraires et culinaires, fruits d’une réflexion partagée avec la librairie et le restaurant.

Chaque année est scandée de temps forts, certains d’entre eux sont devenus des manifestations historiques
Feux d’hiver, 1999, manifestation artistique, festive et populaire, septième édition en 2017.
Après huit années d’interruption, cette manifestation emblématique du Channel allume de nouveau sa flamme, grâce à une volonté politique forte de la Région des Hauts-de-France. Elle conserve ses caractéristiques principales : elle se déroule du 27 au 31 décembre, les années impaires uniquement. Pendant cinq jours, le Channel palpite du matin au soir et s’embrase littéralement, transformant les repères du quotidien pour basculer dans un autre espace-temps. La mémoire de cette manifestation est marquée par l’image incandescente de milliers de personnes le soir du 31 décembre à minuit, qui brandissent leur flamme à l’extrémité d’une bougie. Les installations de feu qui ont été réalisées au cours des différentes éditions par les compagnies Carabosse, Le groupe F, et La Machine, crépitent elles aussi, durablement, dans nos esprits.
Libertés de séjour, 2008–2015, manifestation artistique, humaine et inattendue, sept éditions.
Elle se déroulait chaque année pendant deux semaines et trois week-ends. Il s’agissait de confier les 14000 m2 du Channel à une compagnie qui imbibait le lieu de son univers artistique, explorait les possibles usages de l’espace et du temps, interprétait à sa façon les questions qui animent le Channel. Les compagnies qui ont orchestré Libertés de séjour, par ordre chronologique : Le teatro delle ariette, Laika, 2 rien merci, La Machine, Étienne Saglio, le Théâtre la licorne, Les colporteurs, le Théâtre de l’unité.
Rêve général, 2008, manifestation artistique, festive et populaire, une seule édition.
Relayant Jours de fête, cette manifestation était motivée par le même désir d’enchantement de la ville.
Jours de fête, 1994–2006, manifestation artistique, festive et populaire, sept éditions.
Elle se déroulait pendant cinq jours les années paires uniquement, au cours desquelles la ville entrait en effervescence. La mémoire de cette manifestation est marquée par les spectacles du Royal de Luxe
et particulièrement les parades des géants : Le géant tombé du ciel (1994), Retour d’Afrique (1998), Les chasseurs de girafes (2000), La visite du sultan des Indes sur son éléphant à voyager
dans le temps (2006).
Les propositions nées de la présence de la librairie et du restaurant
Les duos gastronomiques, depuis 2009.
Fruits d’une rencontre entre Alexandre Gauthier, chef
prodigieux du restaurant La grenouillère à La Madelaine-sous-Montreuil, et l’univers sensible
d’un artiste du spectacle vivant, les duos mettent en scène le moment du repas et s’affranchissent de ses codes usuels. Les cinq sens y sont délicieusement chahutés.
Entre les lignes, 2011–2012, week-end littéraire, intime et populaire, deux éditions.
C’est Martine Laval, écrivain et grand reporter littéraire, qui initia ce rendez-vous.
Le livre y fut abordé sous toutes ses coutures.
Par ordre chronologique, les dates qui ont marqué
1983 Création du Centre de développement culturel de Calais qui ne dispose pas de lieu artistique en gestion propre.
1991 Nomination de Francis Peduzzi1, directeur. Le Centre de développement culturel de Calais devient le Channel, scène nationale. Il n’y a toujours pas de lieu en gestion propre.
1994 Le Channel s’installe dans les anciens abattoirs de la ville de Calais pour préparer la première édition de Jours de fête à Calais, manifestation liée à l’ouverture du Tunnel sous la Manche.
1997 Toujours pas de lieu artistique en gestion propre. En septembre, le théâtre national de l’Odéon confie à la scène nationale de Calais, pour une année et demie, la cabane, son théâtre mobile. Sa présence change la vie du Channel.
1999 Au mois de février, la cabane de l’Odéon retourne à Paris. L’équipe du Channel décide d’aménager une salle des anciens abattoirs (où elle dispose de locaux administratifs) et d’y implanter une structure mobile. Elle passe commande de l’aménagement de cette salle à François Delarozière2, directeur artistique de La Machine, sur la base d’un cahier des charges qu’elle a rédigé. La moitié du subventionnement de la salle est alimentée par des fonds FEDER, l’autre moitié par les fonds propres du Channel. Le suivi des travaux est assuré par Le Channel.
2000 Vendredi 21 janvier, le Channel inaugure la salle qui s’appelle le Passager. C’est le début d’un rêve étendu à la totalité du site, celui de rénover l’ensemble des anciens abattoirs et de les transformer entièrement en lieu de vie.
2001 Au mois de juillet, tous les partenaires institutionnels du Channel soutiennent le projet alors engagé dans la reconversion des anciens abattoirs en site culturel.
2002 François Guiguet3 est chargé de l’étude de programmation architecturale des anciens abattoirs. Francis Peduzzi1, directeur du Channel, est nommé chef de projet de la reconversion du lieu par décision du conseil municipal de la ville de Calais.
2003 Vendredi 5 septembre, la commission d’appel d’offres élargie de la ville de Calais a procédé au choix définitif de trois équipes d’architectes qui auront la mission d’élaborer un futur pour les anciens abattoirs, dans le cadre d’un marché de définition.
2004 Patrick Bouchain4 et son agence d’architectes Construire sont élus. Ils s’associent à l’artiste François Delarozière2.
2005 Une cabane de chantier est construite en fin d’année. Lieu de rencontre entre l’équipe du Channel, les ouvriers, les usagers et les artistes, elle permet notamment à ses hôtes une lecture quotidienne de l’avancée des travaux.
2006 Au mois de janvier, début des travaux et adieu à la salle du Passager. Durant la rénovation du site, la cabane de chantier héberge une très large part de la vie artistique du Channel, l’autre part existe dans le chantier même, requérant parfois la présence des ouvriers.
2007 Au mois de juillet, démolition de la cabane de chantier. Samedi 1er décembre, Le Channel se dévoile. Près de six mille personnes se pressent à l’inauguration du site transformé, malgré les rafales de vent et de pluie. Du 27 au 31 décembre, la cinquième édition de Feux d’hiver révèle en flammes le visage du nouveau Channel.
2008
Au mois de mars, première édition des Libertés de séjour, manifestation artistique, humaine et inattendue. Elle est liée à la nouvelle architecture du lieu qui appelle une vie artistique foisonnante, capable de donner à vivre les nouveaux espaces (chapiteau, librairie, restaurant, belvédère, gîte des artistes…).
Au mois d’octobre, première édition de Rêve général, manifestation artistique, festive et populaire qui prend le relais de Jours de fête et inaugure une nouvelle aventure.
2009 Au mois de mars, ouverture de la librairie, du bistrot et du restaurant, c’est le chef Alexandre Gauthier5 qui signe chaque mois la carte jusque 2012.
2011
Première édition d’Entre les lignes, manifestation littéraire, festive et populaire, imaginée avec Martine Laval.
Au mois de mars, à l’occasion des Libertés de séjour, François Delarozière2 et son équipe de La Machine séjournent au Channel avec leur toute dernière merveille : une araignée géante.
2016 Au mois de juin, Long Ma, cheval-dragon, et l’araignée Kumo, réalisés par La Machine, ont enchanté les rues de Calais.
En novembre, Le Channel inaugure une nouvelle tribune dans la grande halle signée François Delarozière2.
2017 En décembre, après huit années d’interruption, Feux d’hiver manifestation emblématique du Channel allume de nouveau sa flamme, grâce à une volonté politique forte de la Région des Hauts-de-France.
1 Francis Peduzzi est directeur de la scène nationale de Calais depuis le 8 janvier 1991. (Voir aussi Cahiers du Channel N°33 )
2 François Delarozière est directeur artistique de La Machine.
Pour le Royal de Luxe, il a notamment réalisé le livre géant de 10 tonnes de La véritable histoire de France, et conçu les géants des différents spectacles présentés dans les rues de Calais pendant Jours de fête en 1994, 1998, 2000 et 2006. Dans le cadre de son association La Machine, il a créé à Calais le Grand répertoire – Machines de spectacle (2003) et La symphonie mécanique (2004). Il est aujourd’hui investi dans de nombreux projets artistiques et urbains, notamment sur L’île de Nantes. (Voir aussi Cahiers du Channel N°11 )
3 François Guiguet est architecte programmateur, chargé de l’étude de programmation architecturale des anciens abattoirs. (Voir aussi Cahiers du Channel N°1 )
4 Patrick Bouchain a étudié aux beaux-arts, faisant ses premiers stages auprès d’André Hermant, puis chez le peintre Henri Malvaux, directeur de l’école Camondo où il enseigna ensuite. Intéressé par le théâtre et les arts du spectacle en général, il a réalisé plusieurs chapiteaux et centres culturels, dont la rénovation du site des anciens abattoirs de Calais pour le Channel.
Après plus de dix ans d’enseignement du dessin et de l’architecture, Patrick Bouchain a associé un souci politique à son travail d’architecte, considérant que l’architecture est politique et qu’elle doit répondre au souci de l’intérêt gênéral. (Voir aussi Cahiers du Channel N°32 )
5 Alexandre Gauthier est chef de la Grenouillère. Un jour ou l’autre, l’histoire retiendra que la scène nationale a collaboré avec un des cuisiniers les plus reconnus au monde. (Voir aussi Cahiers du Channel N°47 )