Du côté de la librairie... Novembre 2015

Répu­­­­­­blique Tchèque, 1941. Bedrich Fritta est déporté au camp-ghetto de Tere­­­­­­zin avec sa femme et son fils qui n’a pas encore un an. Cari­­­­­­ca­­­­­­tu­­­­­­riste au jour­­­­­­nal Simpli­­­­­­cus, il est dési­­­­­­gné pour diri­­­­­­ger un service de dessin tech­­­­­­nique chargé, entre autres, de dres­­­­­­ser les plans et « l’es­­­­­­thé­­­­­­tique » d’un futur créma­­­­­­to­­­­­­rium. Dans cette prison à ciel ouvert les artistes se côtoient. Poètes, peintres, dessi­­­­­­na­­­­­­teurs, hommes et femmes, et malgré l’hor­­­­­­reur, ils vont s’ex­­­­­­pri­­­­­­mer par leur art. Il est des auteurs qui donnent une âme aux librai­­­­­­ries, Antoine Choplin est l’un d’eux.

Galli­­­­­­mard édite le texte inté­­­­­­gral du roman de David Foen­­­­­­ki­­­­­­nos, qui a boule­­­­­­versé des milliers de lecteurs, illus­­­­­­tré d’une cinquan­­­­­­taine de gouaches de Char­­­­­­lotte Salo­­­­­­mon, extraites de son œuvre totale inti­­­­­­tu­­­­­­lée Vie ? ou Théâtre ?

La présente édition est la première au monde à donner Vie ? ou Théâtre ? dans son inté­­­­­­grité, en repro­­­­­­dui­­­­­­sant notam­­­­­­ment les calques et la trans­­­­­­crip­­­­­­tion d’une lettre finale capi­­­­­­tale.
Ils ont été mira­­­­­­cu­­­­­­leu­­­­­­se­­­­­­ment sauve­­­­­­gar­­­­­­dés, d’abord grâce au méde­­­­­­cin de Char­­­­­­lotte Salo­­­­­­mon, puis à Otti­­­­­­lie Moore, l’amie améri­­­­­­caine qui l’avait proté­­­­­­gée lors de son séjour en France. L’en­­­­­­semble est remis en 1947 à son père, Albert Salo­­­­­­mon, et à sa belle-mère, Paula Salo­­­­­­mon-Lind­­­­­­berg. Le couple a échappé de peu à la dépor­­­­­­ta­­­­­­tion et vit désor­­­­­­mais à Amster­­­­­­dam; il fait envoyer l’œuvre dans sa demeure aux Pays-Bas. Cons­­­­­­cients de l’im­­­­­­por­­­­­­tance de ces pein­­­­­­tures, Albert et Paula décident en 1971 de les confier au Jewish Histo­­­­­­ri­­­­­­cal Museum d’Am­s­­­­­ter­­­­­­dam. C’est à ce musée que l’on doit la préser­­­­­­va­­­­­­tion d’une oeuvre qui reste inclas­­­­­­sable, à la croi­­­­­­sée de la pein­­­­­­ture, de la litté­­­­­­ra­­­­­­ture, de la musique et d’un docu­­­­­­ment histo­­­­­­rique.
Deux témoi­­­­­­gnages, en post­­­­­­face, offrent des éclai­­­­­­rages sur l’ar­­­­­­tiste et son œuvre. Ainsi, nous espé­­­­­­rons que ce livre s’ap­­­­­­proche au plus près de ce que Char­­­­­­lotte Salo­­­­­­mon aurait voulu. (Notes de l’édi­­­­­­teur)
Il est impos­­­­­­sible de se tenir à distance de ce que Le Tripode nous a offert là.
Le chef-d’œuvre d’une vie dans un chef-d’œuvre d’édi­­­­­­tion.

Un texte de quelques pages, une drôle d’écri­­­­­­ture faite de phrases à la construc­­­­­­tion parfois dérou­­­­­­tante, qui reprend les mots d’une maman, qui pendant les années de sa « mala­­­­­­die d’Alz », écri­­­­­­vait ses douleurs entre les phrases des poli­­­­­­ciers qu’elle lisait. Une manière d’em­­­­­­prun­­­­­­ter les mots qu’elle n’avait plus. Gene­­­­­­viève Peigné fait de la décou­­­­­­verte des vingt-trois livres pleins de l’écri­­­­­­ture de sa mère décé­­­­­­dée, une analyse touchante de notre rapport à la litté­­­­­­ra­­­­­­ture, aux livres, aux mots. « Si tu avais davan­­­­­­tage parlé avec Odette, aurait-elle moins perdu les mots ou pas eu besoin d’al­­­­­­ler les cher­­­­­­cher dans toutes ces histoires de meurtres, de détec­­­­­­tives, d’enquêtes.?
C’est très intel­­­­­­li­gent de sa part d’al­­­­­­ler s’adjoindre un détec­­­­­­tive pour retrou­­­­­­ver les mots dont elle a besoin…

« Il était une fois un vieil homme qui s’était éper­­­­­­du­­­­­­ment pris d’amour pour une fille merveilleuse. Ce n’était pas simple­­­­­­ment un vieil homme, c’était aussi un clochard, un de ceux qui dorment dans la rue sur des cartons, un homme perdu, un déchet humain. »
Fable d’amour, deuxième récit de l’au­­­­­­teur après La petite lumière, est un voyage à travers le miroir de la réalité, un plai­­­­­­doyer pour la vie et l’amour, porté par une plume d’une fran­­­­­­chise qui secoue et émeut. « Et si la fable était le seul mode pour racon­­­­­­ter aujourd’­­­­­­hui la puis­­­­­­sance d’ai­­­­­­mer ? »

Sara et Björn quittent la vie cita­­­­­­dine pour s’ins­­­­­­tal­­­­­­ler à la campagne dans la maison qu’ils viennent de réno­­­­­­ver. Un para­­­­­­dis d’es­­­­­­pace et de liberté pour eux comme pour leur chat. Le couple d’en face, uniques voisins, leur réserve un accueil des plus cordial, Ther­­­­­­mos de café et brioches maison. Ils n’ont qu’un seul défaut, leur propre chat, un animal belliqueux qui défend son terri­­­­­­toire toutes griffes dehors. Tel chat, tel maître ? Les cica­­­­­­trices du passé et la fragi­­­­­­lité des êtres révèlent parfois de bien sombres desseins. Au fond du jardin ou derrière les rideaux tirés, une guerre des nerfs s’en­­­­­­gage. Déli­­­­­­cieu­­­­­­se­­­­­­ment cruel.

Entre bande dessi­­­­­­née et carnet de voyage, Aude Picault nous emmène au bout du monde, dans son voilier glis­­­­­­sant sur les belles couleurs de ses aqua­­­­­­relles.