Du côté de la librairie... Février 2017

Ce troi­sième vo­let de l’amie pro­di­gieuse que l’on at­ten­dait avec im­pa­tience tient toutes ses pro­messes. On re­trouve Elena et Lila, leur quar­tier, leurs vies, leur re­la­tion tou­jours très par­ti­cu­lière, le tout sur fond de ré­volte. Nous sommes fin des an­nées soixante, au cœur de ces an­nées cru­ciales pour l’Ita­lie où s’or­ga­nisent les mou­ve­ments fé­mi­nistes et pro­tes­ta­taires. Pas­sion­nant.

« Un po­li­cier désa­busé, pour­suivi par les ru­meurs au­tant que par sa propre conscience, est ap­pelé au che­vet d’une femme griè­ve­ment bles­sée dans un hô­pi­tal de la Co­rogne. Alors qu’on re­monte le temps pour ti­rer l’éche­veau qui a em­mêlé leurs vies, leurs his­toires, tra­giques et su­blimes, se per­cutent de plein fouet en une sorte de road-mo­vie sur une côte ga­li­cienne âpre et sau­vage. » Un ro­man cho­ral sai­sis­sant.

Écri­vaine et fé­mi­niste, Aman­dine Dhée nous pro­pose ici un té­moi­gnage de sa ma­ter­nité. En­ceinte puis jeune mère, l’au­teure ra­conte la norme qu’on tente quo­ti­dien­ne­ment de lui im­po­ser et sa lutte pour pré­ser­ver son éman­ci­pa­tion. Elle s’in­ter­roge sur la per­cep­tion de son propre corps, sur son mé­tier d’au­teure, mais aussi sur sa sexua­lité, la ré­par­ti­tion des rôles au sein de la fa­mille, la trans­mis­sion ou en­core sur ses propres contra­dic­tions… A lire, que l’on soit ma­man ou pas.

Char­lène à la soixan­taine, elle est res­tée jeune. Mais quand le vide l’en­va­hit sou­dain, elle en­chaîne les ap­pels té­lé­pho­niques à sa fille. D’un pa­ra­graphe à l’autre, on os­cille entre la ten­dresse, le rire et l’of­fense. L’his­toire d’une mère tou­chante et toxique à la fois, un por­trait de fa­mille dans le­quel cha­cun trou­vera des si­mi­li­tudes avec sa vie. Trou­blant.

Gra­ham Swift s’in­vite dans les pen­sées et les actes d’une pe­tite bonne de 23 ans, au ser­vice d’une grande fa­mille bri­tan­nique, en 1924, en ce jour très par­ti­cu­lier où re­pos est donné au per­son­nel de mai­son. Sans fa­mille, Jane hé­site sur le dé­roulé de sa jour­née, jus­qu’à ce que Paul She­rin­gham, un jeune homme de bonne fa­mille et son amant de longue date, lui pro­pose de le re­trou­ver dans sa de­meure dé­ser­tée. C’est une vé­ri­table plon­gée dans une aris­to­cra­tie dé­cli­nante. Un ro­man court et sen­suel.

Lisa Man­del, illus­tra­trice, et Yas­mine Bouagga, so­cio­logue, ont mené l’en­quête pen­dant une an­née sur le ter­rain pour dé­cou­vrir l’ac­cueil ré­servé aux ré­fu­giés en France, pays des droits de l’Homme… Elles té­moignent avec hu­mour et sans mi­sé­ra­bi­lisme du tra­vail quo­ti­dien des as­so­cia­tions pour sou­la­ger la dé­tresse de ces mil­liers d’hommes, de femmes et d’en­fants qui fuient la guerre.

C’est avec plai­sir que l’on re­trouve la fine équipe des Qui­quoi. Une fois en­core oli­vier Tal­lec et Laurent Ri­ve­laygue nous rap­pellent que l’ima­gi­na­tion per­met beau­coup et que l’aven­ture se par­tage avec sa bande de co­pains. Dia­logues sa­vou­reux et hu­mour sont au ren­dez-vous.