Du côté de la librairie... novembre 2024

Avec L’éden à l’aube, Karim Kattan nous emmène dans une Palestine mystérieuse et enchanteresse, dont l’ici et maintenant est tissé des légendes du passé. On y fait la rencontre de deux amants singuliers et infiniment beaux, beaux de leurs errances, leurs maladresses, de leur difficulté à être au monde et à être à l’autre. Au fil des pages, se déplie le récit poétique et brûlant de leur collision, quelque part entre Jérusalem et Jéricho. Un petit joyau d’humanité et de lumière, narré à la manière d’un conte, avec tout ce que cela implique de magique et de nébuleux.

L’effondrement est le dernier opus de la fresque familiale d’Édouard Louis, commencée il y a déjà dix ans pour nommer, documenter et témoigner de ce qu’est le déterminisme social. Il y est question de son frère, quasi absent des textes précédents, emporté à 38 ans par l’alcool et les échecs à répétition. À rebours, l’auteur tente de comprendre qui était cet homme, souvent violent et intolérant, mais toujours habité par une ferveur qui voulait transcender les frontières de son milieu. Avec cette enquête bouleversante et sans complaisance, Édouard Louis revisite la thématique des classes à travers le prisme du rêve, et pose une question : se pourrait-il que son frère ait rêvé trop grand et qu’il en soit mort ?

Tenter de décrire ce nouveau roman flamboyant d’Isabelle Sorente est un exercice périlleux, presque dangereux. Mais qu’est-ce qu’une vie sans danger ? Voilà peut-être la question qui irrigue chacune des pages de cette odyssée à la fois humaine et mythologique, qui nous invite à libérer les monstres enracinés en nous. Avec une sensibilité émotionnelle époustouflante et une construction narrative audacieuse, l’autrice y explore des thématiques universelles telles que l’amitié, le deuil ou encore la transmission. Point de déjà-vu pour autant mais la promesse d’une lecture unique, quasi-sur-mesure, qui viendra vous chercher là où vous ne l’attendez pas : car les personnages d’Isabelle Sorente ont le don de nous révéler qui nous sommes en feignant de se dévoiler à nous.

Rencontre avec l’autrice vendredi 24 janvier 2025 à 19h.

Science-fiction ! Dans un futur relativement proche, un rayon de la mort d’origine inconnue apparaît sur tout un pan de notre planète, tuant instantanément toute vie organique qu’il traverse. Avec la rotation de la Terre, il faut moins de 12h pour que toute forme de vie soit annihilée. Pendant ce cours laps de temps, certaines personnes ayant le matériel nécessaire se branchent sur leurs ordinateurs pour y scanner leur cerveau dans le mince espoir d’y transférer leur âme, ultime échappatoire pour l’humanité. Alors qu’il se réveille dans un monde post-apocalyptique, l’âme en réseau, Greg un informaticien de génie, se retrouve spectateur et acteur des prémices d’une nouvelle société d’humains emprisonnés dans des machines. Certains se battront pour un retour de la vie organique, d’autres pour une nouvelle ère des machines. Un roman très original et addictif.

Avec cette nouvelle pièce de théâtre, Alice Zeniter nous offre une œuvre que l’on voudrait voir durer indéfiniment tant c’est agréable de s’y plonger. Édène, une jeune un peu en galère, sauve une inconnue des mains de deux hommes menaçants. Pour la remercier, cette dernière l’invite à boire un verre chez elle, une somptueuse demeure qui l’impressionne mais lui permet aussi de constater le gouffre social qu’il y a entre elles. C’est à ce moment-là qu’elle va rencontrer Rose, en train de jouer du violon au milieu du salon. Une rencontre qui va la bouleverser. Édène va alors tout mettre en œuvre pour s’en rapprocher, cherchant à combler leur écart de classe écrasant par l’écriture d’un roman à succès. Un récit touchant, une plume brillante qui dissimule nombre de symboles et métaphores dans un style simple et épuré. Sublime.

Très bel objet avec une couverture magnifique, ne passez surtout pas à côté de cette bande dessinée au scénario haletant. Tout débute par une histoire somme toute banale où trois amis Max, Arthur et Sébastien sont heureux de retrouver leur amie d’enfance Neige Agopian expatriée de façon précipitée en Angleterre depuis 20 ans. Les retrouvailles sont de courte durée et la joie laisse place à la terreur quand Neige disparait dans des conditions mystérieuses. L’horreur et le fantastique s’invitent alors dans la vie des trois amis qui décident malgré tout de mener l’enquête.  Véritable plongée dans les légendes urbaines, remontant au temps des peintres maudits, Les Navigateurs raviront les amateurs de Lovecraft ou d’Edgar Allan Poe. Brillant.

L’étoile de Mo est un roman délicieux et bienveillant pour les jeunes lecteurs. Mo, jeune chat ne trouvant pas le sommeil, part soudainement à la recherche d’une intrigante étoile scintillante qui lui sourit. Débute alors un voyage initiatique au cœur de la forêt où Mo rencontrera tout un panel de personnages savoureux toujours prêts à lui venir en aide et de l’avertir du grand danger. Une histoire simple, joliment illustrée à la plume qui se révèle au fil des pages être un véritable hommage à l’entraide, la tolérance, la lutte contre la peur des autres et de l’inconnu. Une petite pépite à partir de 7 ans.