Du côté de la librairie... Mars 2025

Avec ce nouveau roman, Neige Sinno signe un récit autobiographique extrêmement bien écrit sur sa relation avec le Mexique, son pays de résidence depuis presque 20 ans maintenant. C’est un ouvrage puissant sur la force de la littérature, sur l’attraction de certaines cultures et des rencontres que l’on peut faire. Un roman qui parle du sentiment de laisser un peu de soi en quittant un pays pourtant étranger. Un roman qui parle de l’histoire du Mexique, de ce qu’elle pensait y trouver et comment, à force de s’y perdre et de n’y rien comprendre, elle a fini par y trouver un foyer. Un roman qui parle de lutte des classes, des zapatistes, de penseurs révolutionnaires, de voyageurs. Un roman foisonnant de découvertes, de poésie, de références qui vous donneront envie de prolonger la lecture. Quand on lit Neige Sinno, on se dit qu’elle pourrait nous raconter ce qu’elle veut, on irait jusqu’au bout. Passionnant.

Billie a bientôt 13 ans et vit seule avec son père. Après avoir lu l’œuvre d’Italo Calvino, elle décide d’imiter le personnage du conte philosophique et fugue pour aller se percher dans un arbre, espérant provoquer chez son père un sursaut d’attention…
Dans ce roman choral où l’on suit à la fois le point de vue de Billie, de son père, et d’un personnage qui va venir bousculer leur quotidien, Delphine Bertholon évoque avec psychologie et empathie la difficulté des liens familiaux, la douleur des non-dits et des secrets trop lourds à porter. Grâce à la bienveillance de son écriture, on s’attache vite à ces personnages abîmés, maladroits et qui s’efforcent d’avancer du mieux qu’ils peuvent. 

Dans ce magnifique livre, Lola Lafon nous offre son regard et ses réflexions sur ce que nous avons vécu et traversé collectivement en 2023 et 2024. Au détour de ses chroniques littéraires sur le féminisme, l’amitié, la précarité, la dissolution de l’Assemblée nationale, les abus sexuels perpétrés dans l’église catholique, les attentats du 7 octobre, le procès Mazan… elle nous dévoile avec pudeur ses blessures cachées et nous invite à questionner le monde de demain à partir de notre quotidien. Le récit journalistique, grâce à la littérature, vient s’éclairer ici d’une sensibilité nouvelle. Indispensable dans cette époque troublée !

Ce récit intime est le témoignage de l’autrice, Nelly Pons, qui un beau matin ne peut plus quitter son lit alors qu’elle avait tout pour être heureuse aux yeux de la société. Engluée dans des injonctions contradictoires, son corps lâche et le constat est sans appel : épuisement physique, psychique et émotionnel total. Pression sociale, surcharge mentale et perte de sens sont les mécanismes récurrents qui amènent à cet effondrement. L ‘individu atteint porte trop souvent seul la culpabilité de cet état, or la responsabilité pour Nelly Pons est avant tout globale et collective. Un texte salutaire et une invitation urgente à repenser nos modes de vie !

Dans une première bande-dessinée aussi hilarante que touchante, Margot Bardinet dresse les portraits des « petits vieux » qu’elle a accompagnés pendant son expérience d’aide à domicile. Sans filtre et avec un très joli sens du détail et de l’observation, elle nous raconte le quotidien de celles et ceux qu’on ne voit pas assez, coincé·e·s derrière les murs de leurs maisons. Avec ce livre, on passe la porte pour découvrir leurs routines, leurs maladies, leurs histoires, leurs manies, leurs babioles… Des planches intimes et drôles, bienveillantes et cash à la fois, qui se savourent sans modération !

Cet ouvrage est son premier et vous aurez bien du mal à le croire tant les illustrations sont belles et l’histoire bien écrite. On y découvre la vie de Raphaëlle, une jeune étudiante qui entre en première année de fac. C’est la vie indépendante qui commence pour elle. Un jour, sur une appli de rencontre, un homme bien plus âgé la like et lui propose de la payer pour un rendez-vous. La proposition est immédiatement déclinée, mais les pensées font déjà leur chemin.
Ce roman graphique aborde la question de la vie d’escort girl avec un point de vue neuf, empathique. Démontrant comment cela peut être un réel choix de vie, tout en questionnant l’affrontement des différents mondes concernés, c’est-à-dire les vieux hommes riches et les jeunes femmes précaires. Une lecture touchante, et des personnages que l’on voudrait accompagner plus longtemps.

C’est l’adolescence dans toute sa splendeur que Catherine Zambon nous dépeint dans ce roman percutant, et ça fait du bien ! Celle qui est pleine de convictions, de libertés, de choix ; celle qui s’émeut, souffre de ses sentiments parfois trop grands pour elle, mais qui ne se résigne pas, qui se saisit, bouscule et impose son rythme et sa fraîcheur.
Dans ces 120 pages racontées par Violette, il y a Bernard-Pajim, qu’on ne peut pas appeler Papy parce qu’il n’a jamais su être père, alors encore moins grand-père ; il y a Cassandre, fille ou garçon selon les jours, sa meilleure amie et son amoureux à la fois, sa coquille d’escargot qui la protège ; il y a sa mère, mais pas son père, qui n’a jamais été là. Et très vite, il y aura les arbres, la nature et Satang. Une rencontre puissante avec cette forêt menacée par un projet de scierie et qu’il faut protéger à tout prix…