Du côté de la librairie... Septembre 2017

Comment trouver sa place quand on est l’enfant chétif rejeté de sa famille et du village ? Zabor trouve, dans la lecture d’abord, puis dans l’écriture, un territoire nouveau à apprivoiser et à réinventer chaque jour, d’autres horizons à imaginer, mais surtout la possibilité d’une frontière à repousser : celle de la mort. À l’instar de Shéhérazade, il sera celui qui sauvera, non pas sa propre vie, mais celle des autres en noircissant sans relâche des pages entières de cahiers avec les histoires qu’il collecte ou bien qu’il imagine. Et le charme agit, on se prend à y croire aussi…  

Naïma, petite fille d’un Kabyle réfugié en France après la guerre d’Algérie, se sent soudainement remplie du besoin de connaître son histoire. Elle s’interroge sur l’histoire de sa famille, celle de son grand père surtout, qui était harki. Harki d’accord, mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Qu’a-t-il fait ? Le silence entourant le passé de la famille depuis son enfance la laisse dans le doute.

C’est un roman bouleversant que nous offre Delphine Coulin ici, d’abord par la gravité du sujet abordé, le sort des mineurs exilés livrés à eux-mêmes à Calais après le démantèlement de la Jungle, mais surtout par la justesse du ton adopté pour évoquer cette réalité. Ce n’est plus seulement un fait divers dont il s’agit, c’est de Hawa, Jawad, Ibrahim et les autres dont on découvre le parcours et que l’on suit le cœur battant. Malgré la dureté du récit, ce que l’on retient avant tout c’est la tendresse qui lie les personnages et la formidable énergie qui les anime. Tout ce que l’on souhaite c’est qu’ils s’en sortent.

Les premières pages nous emportent dans le sillage d’Alvaro, jeune professeur et codeur surdoué, rescapé des enlèvements d’Iguala. Piloté par son instinct et sa rage de survivre, il passe la frontière. Sa fuite le mène vers un grand dirigeant transhumaniste qui l’engage comme cobaye pour tester les limites de la biologie : et s’il pouvait vivre à jamais ? Dans ses laboratoires il croise une jeune biologiste française, elle aussi recrutée par le milliardaire illuminé. Parmi les grandes questions que soulèvent ce roman, celle de l’appropriation des corps, de la place du numérique dans nos vies, mais aussi celle de la liberté face au pouvoir des détenteurs de l’outil informatique.

Saul est un jeune amérindien canadien. Dans les années 50, il vit la traque du gouvernement qui cherche à interner les jeunes indiens dans les pensionnats afin de les « rééduquer ». Nous suivons le parcours du jeune garçon dont l’enfance entourée de nature est interrompue par cet arrachement forcé à sa famille et sa culture, dans un « pensionnat » où l’on rase les cheveux des enfants indiens, leur interdit de parler leur langue maternelle et leur fait subir toute une série de maltraitances senséesles éduquer. Le hockey sera une porte de sortie pour Saul qui s’échappe et « voit » le jeu, comprend son élan et s’absente au monde à travers lui.

Après le très remarqué Amours, Léonor de Récondo se penche ici sur la question de l’identité.​Laurent, mari de Solange et père de deux adolescents a construit une vie des plus ordinaire. Mais parallèlement Laurent est aussi Mathilda le temps de quelques heures au Zanzibar. Jusqu’au jour où sa femme découvre par hasard la vérité. Laurent alors poussé par le courage d’être soi et la volonté de s’affirmer comme tel finit par choisir de devenir une femme. Mais sa transformation ne sera pas entendue et comprise par tous…un roman qui se dévore et qui interroge notre regard face à la différence. Brillant !

Avril et son petit frère, Kid, sont les rares survivants de la planète : alors que tout se meurt autour, ils tentent de survivre dans l’arbre qui leur sert de refuge. Mais la rencontre avec Sirius va les précipiter sur la route. Obligés de fuir, ils traversent ensemble les paysages dévastés, avec une seule idée, rester unis. Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises… Un roman pour adolescent d’une grandeforce fantastique et poétique. À partir de 14 ans.

Ce très joli livre-jeu propose, pour apprendre à écrire, de s’intéresser d’abord au tracé même des lignes et des formes sur la page : vagues, spirales, ponts et pointes laissent apparaître un autremonde derrière les caractères alphabétiques. Une feuille plastifiée mobile permet à l’enfant de s’amuser à son tour avec un feutre effaçable, malin ! À partir de 4 ans.